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Je reçois mes patients, adultes, à Paris (30, rue du sergent Bauchat 75012) et à Londres (19, Nassau Street W1W 7AF). Mais j’assure également des séances en visio, par Skype et Face-time, pour des patients vivant ailleurs.

Je propose un travail psychanalytique individuel suivant les deux dispositifs classiques (face à face et divan) mais aussi un travail psychanalytique avec les couples.

 

A ce sujet, voici un texte présentant quelques-unes de mes principales idées que j’ai pu élaborer au fil de mon expérience et de mes recherches.                         

                           

 

LES COUPLES CONTEMPORAINS

Selon moi, le couple est une réalité multidimensionnelle – corporelle-sexuelle, socioculturelle et psychique – historiquement et socioculturellement déterminée.  Elle est animée par plusieurs personnages transférentiels joués par chacun des deux partenaires qui pourra ainsi représenter dans l’imaginaire inconscient de l’autre, tantôt une figure de mère, de père, de frère ou de sœur. Ils seront alors investis sur un mode ambivalent, objets d’amour, mais aussi de haine, surtout de nature inconsciente. Ces deux partenaires  exerceront des rôles multiples au sein de cette organisation dynamique « inter-transférentielle » déterminée par une compulsion de répétition de « prototypes infantiles », c’est-à-dire par la répétition et réactualisation de modes de relations vécus et fantasmés durant l’enfance. M’inspirant de Freud au sujet du transfert analytique, je soutiens que le couple crée et constitue une névrose inter-transférentielle, qui répète à bien des égards certains aspects de la névrose infantile de chacun des membres, vécue  lors de leur enfance, qu’ils mettent alors en commun.

Sa réalité psychique consiste, notamment, en une ambivalence affective essentielle se rapportant au couple d’opposés amour-haine  qui se fonde sur l’opposition pulsionnelle entre Eros, force psychique de liaison, et la pulsion de destruction ou de mort, force de déliaison. De même qu’elle est animée par une pluralité de conflictualités structurelles, entre Moi / objet amoureux, Moi / objet-couple, identité / altérité, narcissisme ou « intérêts individuels » / objectalité ou « intérêts conjugaux », Eros / pulsions de destruction,  masculin /féminin, en particulier.

J’identifie trois registres différenciés : le « groupal », c’est-à-dire ce qui est mis en commun et partagé par les deux membres pour constituer leur couple ; l’ « intersubjectif », lieu d’expression de l’ambivalence, des conflictualités, des modalités de relations d’objet, des complexes d’Œdipe et fraternel ; enfin, l’individuel, chacun étant considéré dans son rapport à l’autre et au couple.

De plus,  le couple évolue suivant une temporalité intriquée qui conjugue les trois dimensions, socioculturelle, corporelle-sexuelle et psychique. Son devenir est inévitablement scandé par des étapes critiques, mutatives et maturantes, tant individuelles que conjugales, déterminées aussi bien par des évènements heureux que malheureux, qui déstabiliseront le fonctionnement individuel et conjugal et réactiveront les conflictualités. Parmi ces étapes, évoquons les débuts de la cohabitation avec ses difficultés d’organisation de la vie domestique, la naissance d’un ou des enfant(s), l’adolescence des enfants, mais aussi le vieillissement des partenaires et le départ des enfants du foyer familial.

 

Aussi, selon moi, le couple, investi sur un mode ambivalent, est structurellement et dynamiquement aussi bien conflictuel que critique.

Par ailleurs, la vie conjugale relève d’un véritable travail, global et différencié, le travail de couple (notion que j’ai introduite dans mon livre Le couple et son histoire (2011) – d’ordre  psychique, corporel-sexuel et socioculturel –, qui  est réalisé par chacun des partenaires, au service des intérêts du couple, mobilisant notamment leur créativité. Il est ainsi producteur d’une culture et d’une identité conjugales, donc d’une réalité singulière, commune et partagée par ses deux membres. Toutefois, ce travail de couple entre inévitablement en conflit avec le travail de l’individu,  accompli  par chacun au service de ses intérêts propres.

Que peut-on dire alors des couples contemporains?

Ils sont devenus instables, fragiles, polymorphes et exigeants. Ils ont de plus en plus de difficultés à durer, malgré leur désir narcissique conjoint d’éternité et d’exclusivité soutenant leur « contrat conjugal » initial.  Ce dont attestent nombre d’enquêtes sociologiques et démographiques depuis les années 1970.

Trois catégories de changements majeurs récents auraient contribué à les fabriquer, tout en sachant qu’ils  ont  également pris part  à la production de ces dits changements, dans le cadre de rapports d’interdépendance et de circularité entre tous les protagonistes (instances politiques et juridiques, institutions sociales, économiques et culturelles, acteurs sociaux, notamment).

Une première catégorie concerne les changements d’ordre collectif, national et international, qui se rapportent aux aspects économiques, politiques, juridiques, démographiques et socioculturels. Ils s’inscrivent, en particulier,  dans le cadre global du processus de mondialisation et la crise des démocraties occidentales.

Une seconde catégorie concerne l’observation de changements individuels-intrapsychiques et dans les liens intersubjectifs.

Ainsi, les nouvelles expressions psychopathologiques individuelles témoignent essentiellement d’une instabilité des rapports entre le sujet et autrui. Ce qui a des implications manifestes au sein de la dynamique conjugale.

Une dernière catégorie de changements concerne  les métamorphoses de la femme  induisant et participant à celles de l’homme, ce qui détermine les recompositions contemporaines des identités féminine et masculine, mais aussi des transformations dans les rapports de genre qui ont d’inévitables répercussions sur les formes nouvelles de conjugalité et leur nature instable.

Tous ces changements contribuent à produire chez nos couples une crise aussi bien identitaire qu’identificatoire. En effet, le modèle traditionnel de leur couple parental, référence primordiale, entre en conflit avec leur désir de s’en affranchir pour inventer leur « modèle conjugal » répondant à des aspirations strictement individuelles tout en se conformant aux nouveaux modèles véhiculés par les médias. D’où une crise contemporaine des « modèles conjugaux » productrice de transformations se traduisant par l’émergence de  multiples formes de vie conjugale rendues possibles et tolérées par nos sociétés. Ce qui est inédit dans l’Histoire.

Enfin, j’observe depuis quelques années, un nombre croissant de couples  venant me consulter pour divers types de souffrance. En effet, par l’entremise des médias informant de l’existence variée d’aides conjugales,  ils me consultent de plus en plus jeunes et de plus en plus tôt, dans leur histoire de couple, souvent à l’initiative de la femme. Des insatisfactions multiples en sont les motifs principaux : communication insuffisante, conflictuelle, devenue impossible; vie sexuelle insatisfaisante; relations extra-conjugales; violences conjugales; crise corrélative du passage du couple conjugal au couple parental, du couple à la famille ; survenue d’une pathologie chez l’un des membres ; souffrance chez l’un des enfants ; relation conflictuelle chez un nouveau couple au sein d’une famille recomposée. Mais aussi pour réaliser un « travail de séparation » qui profitera aux deux conjoints et qui permettra d’atténuer la souffrance inévitable infligée, non sans culpabilité, à leur(s) éventuel(s) enfant(s).

Ces consultations, précoces ou non, témoignent non seulement d’un échec du travail de couple, mais également d’un souci contemporain plus marqué accordé à la qualité de la vie conjugale, de même que des attentes et exigences à son endroit, inédites jusqu’alors dans l’Histoire occidentale.

Selon moi, le travail psychanalytique avec les couples est un espace-temps intermédiaire entre leur souffrance, correspondant à un échec de leur travail de couple, et, d’une part, la découverte de leur fonctionnement psychique conjugal, mais aussi de celui de chaque partenaire, d’autre part, l’advenue de changements bénéfiques rendus possibles par l’obtention des moyens favorables à la réalisation d’un travail de couple bien plus satisfaisant dont les incidences seront favorables sur les deux autres réalités conjugales, corporelle-sexuelle et socioculturelle.

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